Eric B. Loucks est professeur associé et directeur du Mindfulness Center de l’université Brown. Dans cet article il décrit comment la méditation de pleine conscience peut nous aider dans la gestion des médias sociaux.
Beaucoup d’entre nous ont entendu parler d’études et de preuves sur les défis liés aux médias sociaux et à l’utilisation des écrans. Tous deux sont souvent conçus pour créer une dépendance, afin que nous restions plus longtemps sur les plateformes pour consommer des contenus générateurs de revenus. Sabrina, étudiante, observe : « j’ai remarqué les effets des médias sociaux et de la technologie dans ma vie. Ma génération apprécie et glorifie les femmes extrêmement maigres à un point malsain. Toutes les femmes que je connais ont un trouble de la pensée lié au poids, à l’alimentation et à l’image corporelle. Le ‘poids idéal’ n’est pas sain, mais beaucoup de filles prennent des mesures extrêmes pour atteindre cet objectif. »
Camille partage un autre défi avec internet et les médias sociaux : « Nous sommes bombardés de stimuli. Cela peut aussi aspirer notre temps et notre énergie. Trouver un moyen d’exploiter ce qui est bon dans le web et les options numériques, mais en laissant de côté l’excès, est un énorme défi pour les jeunes. »
Et pourtant, les écrans et les médias sociaux ont également transformé la société de manière positive. Par exemple, des personnes de Dubaï, du Brésil, de Floride et de Rhode Island peuvent toutes se retrouver dans la même visioconférence, avoir des conversations et apprendre ensemble. Les petits-enfants peuvent communiquer avec leurs grands-parents par-delà les océans. Les histoires et la sagesse peuvent être communiquées de manière puissante par le biais des écrans. Il est clair que les écrans et les médias sociaux peuvent être des outils qui rendent la vie meilleure. Le défi consiste à éviter les éléments qui la rendent pire.
Comme pour tous les outils, nous conservons ceux qui nous aident et nous nous débarrassons de ceux qui ne nous aident pas. Nous pouvons déterminer si un outil numérique particulier est utile en prenant conscience de nos pensées, de nos émotions et de nos sensations physiques. Nous pouvons nous demander avec curiosité et sans porter de jugement : « Cet outil numérique est-il plus utile en ce moment que tout ce que je peux faire ? » Si oui, tant mieux. Continuez à l’utiliser. Si ce n’est pas le cas, laissez-le et agissez pour prendre soin de vous et des autres.
Notre relation avec les écrans et les médias sociaux fait écho à la façon dont nous traitons d’autres produits potentiellement addictifs, comme l’alcool, le sucre et la caféine. Certaines personnes renoncent complètement aux médias sociaux, tandis que d’autres essaient d’être conscientes de ce qu’elles ressentent et réagissent en conséquence. Il n’existe pas d’approche unique ; la meilleure approche est celle qui fonctionne pour vous.
Bien qu’il n’y ait pas eu beaucoup de recherches sur les effets de la formation à la pleine conscience sur la dépendance aux médias sociaux, un essai contrôlé randomisé a évalué les effets de l’application de pleine conscience Headspace, ainsi que l’auto-surveillance de l’utilisation des médias sociaux et le suivi de l’humeur. L’étude a montré des améliorations significatives dans l’échelle de distraction des smartphones par rapport au groupe de contrôle à la fin de l’intervention de 10 jours.
Avec ces puissants outils numériques, il existe de nombreuses possibilités d’utiliser la conscience de nos pensées, émotions et sensations, à condition de rester en contact avec ce que notre corps et notre esprit nous disent. Nous pouvons utiliser notre contrôle de l’attention pour amener notre esprit là où il est le plus utile à chaque instant, tout en prenant soin de notre bien-être émotionnel.